Ceux qui ont tenté de s’abonner à une salle de sport plus ou moins franchisée savent ce que coûte une carte de membre. La peau des fesses…
Une fois la carte en poche, on s’attend à trouver ce que contient habituellement une salle. Des vieilles en justaucorps mauve, des gars taillés comme des usines à briques qui soulèvent 4 fois leur poids, des bombes au corps ciselé perdues dans leur playlist d’iPod, et des occasionnels qui suent sur un haltère de 4 kilos.
Autour d’eux, machines de torture et poids libres côtoient tapis de course et vélos d’intérieur. Tout est normal.
Chez Gravity à Manhattan, on pense qu’il manquait un petit quelque chose. De préférence blanc laqué et assez trendy pour séduire le New Yorkais. C’est ainsi que la salle a décidé de proposer des sessions d’entraînement comprenant des exercices traditionnels, mais aussi un passage sur Wii pour la modique somme de 110$ l’heure, soit 71€. Un cours particulier pour fortunés, sachant qu’à peine deux heures et demi serviraient à acheter la console et jouer chez soi sans retenue, et sans cracher au bassinet.
Dorothy Evans, coach personnel chez Gravity, explique « Vous seriez surpris. Ca n’a peut-être pas grand chose à voir avec le vrai sport, mais le rythme cardiaque des gens peut passer à 140-150 par minutes. Même si une partie de ça peut être dû à l’excitement du jeu. » Pas seulement. Evans précise qu’elle utilise la Wii comme moyen de récupération actif entre activités.
Quelle valeur ajoutée cela apporte-t-il aux séances ? Rien, en pratique, quand on considère l’existant côté cardio training. Toutefois, il faut savoir que le mental est important dans l’effort. Les haltérophiles soulèvent les yeux bandés pour que leur corps n’appréhende pas le poids et se crispe, les coureurs écoutent de la musique ou regardent la télévision pour ne pas penser à leur respiration. De fait, la Wii serait-elle une diversion mentale pour ponctuer une séance et destresser le corps ?
Difficile d’en juger, vu l’aura hype de la Wii, transformant tout ce qu’elle touche en or. Si cette reconnaissance des vertus sportives de la console fait des émules, d’autres trouveront le bon filon pour traire les vaches à fric. Ce serait l’effet pervers de la démarche.
L’autre effet, celui qu’on espère, c’est que cette caution professionnelle décide le consommateur à passer du casual-sport à la transpiration sérieuse, pour le bien de ses artères.
Etrangement, on n’y croit pas trop, dans une société où le succédané contente très bien un usager fainéant. Que ce soit pour le sport, les loisirs, ou la culture. Finis les désirs grégaires, les voilà remplacés par le sédentarisme du corps et des esprits.